Le hasard des rencontres !
C'est grâce à une rencontre avec une étudiante à l'ESDI (CREAPOLE aujourd'hui), que j'ai commencé à enseigner, c’était en 1989. Un important fabriquant de meubles contemporains m'avait confié l'édition de plusieurs catalogues en prévision du salon du meuble, j'ai ainsi fais la connaissance de sa fille. Celui-ci l'avait chargée de réaliser des schémas cotés des meubles pour illustrer les descriptifs et les photos destinés aux revendeurs. À l'occasion de nos réunions, elle m'a dit son intérêt pour l'imprimerie et elle m'a encouragée à proposer au directeur de son école des cours des techniques graphiques. Rendez-vous fut pris rapidement et je fus engagé pour la rentrée suivante.
Des élèves motivés…
Les élèves de première année étaient répartis en trois groupes et se succédaient à mes cours, un après-midi par semaine. Le programme comprenait des notions sur la lumière et la couleur, l’œil et la vision, une succincte histoire du livre et de l’imprimerie, la fabrication du papier, la préparation des documents d’exécution, enfin les techniques d’impression, leur utilisation et la mise en œuvre de la chaîne graphique.
Pour moi, la contrainte était de répéter scrupuleusement les mêmes informations aux trois groupes, afin de pouvoir organiser des contrôles de connaissances trimestriels.
Hélas, après trois ans, et le remplacement du directeur qui m’avait engagé, les cours furent supprimés.
D’autres moins…
Entre temps, j’avais aussi proposé mes cours à d’autres écoles, et l’ESP (École Supérieure de Publicité) m’a recruté pour dispenser des cours des techniques graphiques à des élèves de première année, préparant un BTS de communication. Contrairement aux élèves de l’ESDI, très motivés et demandeurs, ceux de l’ESP n’avaient pas vraiment conscience de ce que pouvaient leur apporter des connaissances de la chaîne graphique. Cependant, sur une promotion d’une soixantaine d’élèves, une vingtaine s’intéressaient réellement aux cours. Certains d’entre eux ont d’ailleurs effectué leur stage dans une entreprise de la chaîne graphique, quelques-uns (ou plutôt quelques-unes) ont même commencé leur carrière à la fabrication. Les cours ne leur ont donc pas été totalement inutiles !
Retour aux sources
Parallèlement à l’enseignement initial, j’ai fait de la formation aux adultes, dans le cadre du GRETA « Réseau Graphique » de l’Ecole Estienne.
J’avais proposé des cours à l’Ecole Estienne, comme à d’autres écoles, et un jour, j’ai été embauché comme formateur. Cela représentait pour moi une sorte d’aboutissement et j’en ressentais une immense fierté ! Formateur à l’école dans laquelle j’avais été étudiant ! J’y retrouvais d’ailleurs avec plaisir quelques-uns de mes professeurs, certes, en fin de carrière.
Les stages étaient destinés soit à des demandeurs d’emploi, soit à des salariés en reconversion ou en formation continue. Mon rôle consistait à faire profiter les stagiaires de mon expérience comme chef de fabrication et de la pratique de ce métier au quotidien, cela passait par une information réaliste sur la profession et beaucoup de travaux pratiques sur des cas concrets.
Je ne peux pas dire que je fus accueilli à bras ouverts par les professeurs de métier, je n’étais d’ailleurs pas le seul professionnel dans ce cas. C’est vrai que nous n’avions pas appris la pédagogie, nous n’étions pas du sérail ! Mais nous apportions un témoignage vivant du métier, éloigné des théories et des formules toutes faites.
Au contraire, le plus souvent possible, je donnais à étudier aux stagiaires des dossiers complets de fabrication, dans les mêmes conditions qu’un chef de fabrication en agence ou dans une imprimerie.
Visites d’entreprises
Une fois par mois environ, j’emmenais les stagiaires en visite dans une entreprise de la chaîne graphique ; la formation passant par la visualisation des procédés que nous étudiions pendant les cours. Nous sommes ainsi allés plusieurs fois visiter des usines à papier, des façonniers et différentes imprimeries, dont l’ex-imprimerie Jean-Didier, devenue Quebecor, et qui impressionnait toujours les stagiaires. L’usine était en effet, à ce moment-là, l’imprimerie la plus moderne d’Europe, et permettait d’avoir, sur un même site, une vue d’ensemble sur la fabrication des magazines. Gravure automatisée des plaques, rotatives offsets, atelier de gravure des cylindres hélio, rotatives hélio et stock papier, entièrement géré par ordinateur.
Dans chaque entreprise, nous avons été accueillis par des professionnels passionnés et disponibles.
Le lexique de la chaîne graphique
Les stagiaires m’ont un jour demandé de rédiger un petit lexique de vocabulaire de la chaîne graphique, très sommaire, afin de les familiariser avec les termes techniques. La première édition comportait une centaine de mots, puis, de fil en aiguille, les éditions ultérieures se sont enrichies et ont été même été imprimées sur les presses de l’École Estienne, pour le GRETA Réseau Graphique.
C’est la dernière version, augmentée et remises à jour qui figure dans ce blog (voir lexique de la chaîne graphique).
L'école d'un métier
Le métier de l'édition finançait dans les années quatre-vingt dix, (peut-être encore aujourd'hui) un centre de formation préparant à des postes techniques chez les éditeurs. L'ASFORED donc enseigne à des élèves ayant en général BAC+2, et qui s'ntéressent aux livres et à la littérature.
Pendant 5 années j'ai été professeur à la fois des techniques graphiques, de l'imprimerie en général et de fabrication. L'école fonctionnant en alternance, les cours avaient donc lieu 2 jours et demi par semaine, mais sans plus de vacances qu'un salarié et l'apprenti était payé (peu) par l'entreprise.
Chaque promotion n'étant composée que d'une douzaine d'élèves en moyenne, le travail était beaucoup plus intéressant. Nous visitions plutôt des imprimeries dédiées à l'édition ou des relieurs. La visite que les élèves ne voulaient manquer sous aucun prétexte était celle qui nous conduisait, chaque année au mois de mai, dans les entreprises du Groupe Herrissey. Voyage à travers la Normandie en car, visite de deux imprimeries et d'une brochure le matin, puis pause déjeuner avant de découvrir au détour d'une petite route de campagne, l'Impimrie Firmin-Didot. Les bâtiments d'une ancienne papèterie du XIXe siècle, abrite aujourd'hui une imprimerie moderne, spécialisée dans la fabrication complète d'un livre de littérature générale. L'impression et le brochage se font "en ligne" sur d'énormes machines (Cameron), et c'est toujours spectaculaire de voir à un bout de la machine le papier vierge, et à l'autre bout, les livres reliés, prêts à être expédiés. La machine se prête d'ailleurs à un "circuit découverte", en permettant de voir chaque phase de la production, grâce aux passerelles reliants les différentes parties de la machine.
Mais là où l'excitation s'emparait du petit groupe, c'est quand à la fin de la visite, le directeur technique proposait aux élèves quelques livres ! Chacun repartait donc avec plusieurs bouquins, ce qui les comblait de joie !
Voilà une entreprise qui sait ce que la formation veut dire, et mettait à notre disposition les responsables de chaque atelier pour nous guider et répondre à nos questions. Le PDG lui-même venait nous accueillir à chaque fois, et la journée se terminait toujours autour d'un verre (de champagne !).
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